Exposition les 100 ans du surréalisme à Beaubourg

Je suis allée visiter aujourd'hui l'exposition sur les 100 ans du surréalisme à Beaubourg.Cela m'a permis de me rafraîchir la mémoire sur l'histoire de ce mouvement qui a touché tous les arts et aussi de pouvoir admirer quelques tableaux des maîtres de ce mouvement que je n'avais vu qu'en photo.

Commençons par la fin de l'exposition.

Les surréalistes ont reconsidéré la place de l’homme dans le cosmos.Ils se sont éloignés de la posture de l’homme coupé d’une nature dont il serait le possesseur et pensent qu’une autre relation au cosmos et à la nature est encore possible. Ce sont en cela des précurseurs de notre 21 ème siècle.

Au début des années 1940, Matta incarne ce renouveau, répondant à l'appel d'un nouveau mythe pour l'homme moderne lancé par Breton.

Peint en une nuit,” Xpace and the Ego” met en scène l'impuissance de l'homme face aux désastres d'ordre naturel,moral et politique. Inspirées par la science-fiction et témoins de la “puissance terrifiante de la terre “d'après le peintre, ces figures totémiques envahissent l'espace chaotique de la toile, lacéré de lignes et brossé nerveusement.

Dans ce même esprit, ce tableau deJoan Miro:L'étoile matinale juin 1940.Ces 2 tableaux se rattachent au thème de l'homme dans le cosmos.Contrairement à la vision passée comme quoi l'homme est au centre du cosmos et doit dominer tous les éléments, les surréalistes pensent que l'homme est une petite partie du cosmos qu'il doit respecter pour s'y intégrer.

Autre thème proche de la Nature, la forêt revient aussi souvent.

Caspar David Friedrich a inspiré André Breton.Déjà au début du 19ème siècle , il pensait que la forêt allemande était en danger à cause de l’industrialisation.

Ce dernier tableau de Max Ernst amène un nouveau sujet récurrent chez les impressionnistes: la nuit.

Elle est la source de tous les rêves où s'exprime l'inconscient, thèmes chers aux surréalistes.

Jean Miro “chien aboyant à la lune” 1926

René Magritte “l'empire des lumières “1954

Les facultés de mystère de la nuit,le pouvoir d’imagination qu’elle suscite, amènent l’artiste argentine Léonor Fini à peindre des visions oniriques nocturnes représentant “la nuit intérieure”

14 chats dans la forêt 1962 Léonard Fini.

Autre tableau onirique , étrange, presque cauchemardesque: “Les jours gigantesques” de René Magritte 1928.

L’érotisme est un sujet réccurent ches les surréalistes avec des tableaux de nus charnels. En voici un autre exemple plein de délicatesse.

Le jardin de la France Max Ernst 1962

En référence au passe-temps dans lequel excellait le peintre classique français Jean-Auguste-Dominique Ingres et entré dans la culture française sous le nom de « violon d'Ingres », Le Violon d'Ingres est le titre d'une photographie en noir et blanc réalisée par l'artiste américain Man Ray en 1924. Elle représente le modèle Kiki de Montparnasse, nue, sur le dos de laquelle il apposa par la suite les ouïes d'un violon.

Man Ray 1924, Le violon d’Ingres

On retrouve un thème cher aux surréalistes :l'association d'éléments apparemment sans lien. Cette technique est issue de jeux littéraires comme le cadavre exquis, transposée en peinture à travers la technique du collage.Ici, un 3ème élément relie la femme au violon.Ce sont ses fossettes sur son dos qui rappellent la forme de l'instrument.

Dans ce tableau de René Magritte “la durée poignardée “1938, la fumée est ce 3ème élément qui relie la cheminée et la locomotive.

Voici des exemples de collages de Max Ernst dans “la femme sans tête"1928. Apparemment incohérent on y retrouve les thèmes récurrents comme l'anticléricalisme, le rêve, l'inconscient, la folie, l'érotisme, la nature…

Voici un photomontage exécuté par Dora Maar à partir de ses propres photos d'objets sans lien entre eux: “Sans titre (main coquillage)"1934.

Voici d'autres exemples d'inconnu et d'étrange:

Cette sculpture ou plutôt table sculptée d'Albert Giacometti en 1933.

Alberto Giacometti Table 1933

Ce téléphone de Salvador Dali en 1938.

Le téléphone aphrodisiaque Salvador Dali, 1938

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Autre tableau de Salvador Dali où l’érotisme se mèle à la violence et à la guerre: Rêve causé par le vol d’une abeille autour d’une pomme-grenade, une seconde avant l’éveil,1944:

Parfois l'étrange, le distordu délivre un message comme dans ce “portrait of thé family” 1954 de Dorothea Tanning où le père immense domine la table, sa femme réduite aux tâches ménagères apparaît minuscule et la jeune fille semble s'interroger sur son avenir.

La figure du monstre est un thème qu'on retrouve beaucoup chez lez surréalistes comme la chimère ou le minautore:

Chimère Max Ernst 1920

La minautoromachie 1935 Pablo Picasso.

Lion par devant,serpent par derrière, chèvre au milieu, la chimère fascine les surréalistes par sa forme composite, illogique, issue du collage.

Cet intérêt pour les monstres dont la forme et les actes échappent à la raison se confronte à la réalité dès les années 1930. L’année même de l’avènement d’Adolph Hitler en 1933 le mouvement surréaliste se dote d’une nouvelle revueayant pour emblème la figure bestiale du minotaure.

minotaure, emblème de la revue des surréalistes en 1933

Le mouvement qui jusqu’à présent ne voulait pas se mêler de politique prend parti contre le fascisme.En 1939 René Magritte peint “le présent”tableau symbolique avec un immense oiseau rapace habillé en costume qui semble dominer le monde. Son bec crochu et ses serres acérées laisse planer une lourde menace pour l’avenir.

René Magritte, Le présent, 1939

construction molleavec haricotsbouillis (prémonition de la guerre civile), 1936

Dans le tableau ci-dessus Salvador Dali choisit de traiter de la guerre civile en Espagne comme d’une affaire personnelle.La figure du cannibalisme est liée à celle du père cruel: Chronos ou Guillaume Tell.

Heureusement, les surréalistes n’ont pas traité que de sujets horribles ou monstrueux. On trouve aussi des tableaux liés à l’enfance et au merveilleux. En 1946, soucieux de sortir le mouvement du pessimisme, René Magritte rédige un nouveau manifeste: Le manifeste du surréalisme en plein soleil.Il veut peindre la joie, la bonne humeur. S’inspirant de la touche légère des impressionnistes il convoque également Alice et son univers charmant.

Alice au pays des merveilles , 1946, René Magritte

Comptine pour une enfant perverse ou childrens corner Mimi Parent, 1969

En 1929Valentine Hugo, mariée à l’arrière petit fils du poète rejoint le mouvement surréaliste avec ses illustrations de rêve.

Rêve du 21 décembre 1929 Valentine Hugo

Autres tableaux ramenant à l’enfance avec le sujet de l’acrobate:

Acrobate bleu Pablo Picasso 1929

les idées de l’acrobate, 1928,René Magritte

Autre sujet léger, la sieste…

La sieste, Joan Moro, 1925

Les yeux clos, Odilon Redon, 1890

Et comme le surréalisme fait la part belle au rêve, “voie d’accès à l’inconscient” “recherche d’expression immédiate non préméditée, capable de s’échapper du flux des pensées”:

Le rêve , Salvador Dali, 1931

Voici quelques uns de mes tableaux qui peuvent s’apparenter au surréalisme à retrouver dans ma boutique, cliquez sur l’image pour avoir le descriptif: